jeudi 16 février 2012

Chillin' chillin' à Ouakam

Après la Casamance, on s'était prévu un petit itinéraire à travers Tambacounda et le pays de Bassari, au sud du pays. La petite pause que nous devions faire à Ouakam - un district de Dakar - s'est finalement transformée en une semaine complète, tellement nous sommes bien dans cette maison. On s'est  fait de bons amis, et plutôt que de courir à droite et à gauche dans le pays, nous avons décidé de rester tout simplement dans cette maison pour chiller et cuisiner entre amis !

le quartier de Ouakam est en pleine construction.

les rues sableuses de Ouakam


Chez mon ami Saugui, rencontré au Parlement francophone de jeunes en 2007. Merci pour ce très bon riz au poisson !


À la fête de la paroisse avec William, le beau-frère du propriétaire de la maison à Ouakam

Daniel redécouvre de plaisir de faire du BBQ sur une terrasse

Yassa poisson grillé !

On a surtout passé notre temps avec un autre des locataires, Jaga, qui est Sénégalais et vit aux États-Unis. Il a déjà habité à Montréal, ce qui nous a donné l'occasion de se faire une poutine version sénégalaise (c'est-à-dire avec un espèce de bouillon de boeuf et du fromage râpé ordinaire). On a cuisiné aussi du pâté chinois pour la finale de la Coupe d'Afrique des Nations !

Nous quittons ce soir le Sénégal, et c'est sûrement la ville que j'ai le plus de difficulté à quitter depuis le début du voyage. Mais de nouvelles aventures nous attendent au Mali où nous passerons 15 jours.

mercredi 15 février 2012

Casamance tranquille

En fait, la Casamance - située au sud de la Gambie - n'est pas si tranquille que ça depuis une vingtaine d'années (soutenue par la Gambie, la Casamance veut se séparer du Sénégal) et nous avons hésité avant d'y aller. On s'est bien renseigné, et la manière la plus sécuritaire était de passer par... l'Atlantique ! Nous avons donc pris le bateau de nuit qui relie Dakar à Ziguinchor, et dans lequel il est possible de voyager en couchette. Le trajet est très agréable et il y a même un bar sur le pont où on peut écouter de la musique en prenant un verre !  Après avoir longé les côtes, le bateau remonte le fleuve de la Casamance, accompagné par des dizaines de dauphins qui se donnent en spectacle pour notre plus grand plaisir.

Arrivés à Ziguinchor, on s'est fait plaisir, en se prenant une chambre d'hôtel avec salle de bain privée, eau chaude et piscine. La ville en tant que telle est assez petite et il n'y a pas grand chose à faire, mais au moins on peut tout faire à pied.




Petit tour à Oussouye

À seulement 35 km de Ziguinchor, se trouve le village d'Oussouye où nous avons passé une nuit. Nous avons dormi dans un campement villageois, c'est-à-dire une structure d'accueil communautaire pour touristes où un pourcentage des bénéfices est reversé chaque mois à la communauté pour donner des bourses aux étudiants ou développer l'infrastructure du village. Sauf que depuis quelques années, plusieurs structures similaires privées ont été créées et les touristes ont délaissé ce campement villageois, au profit des autres auberges du village, qui elles ne contribuent pas directement à la communauté.
Résultat, nous étions les seuls touristes dans cette grande maison capable d'accueillir 50 personnes. Les villageois pâtissent beaucoup de cette absence de touristes, surtout ce mois-ci où il n'y a presque aucun visiteur à cause des élections.
Mais ça a l'autre avantage qu'on a un traitement particulier, et j'ai eu la chance d'assister à un enterrement animiste, et poser toutes mes questions sur la culture et la vie au village, où se côtoient Chrétiens, Musulmans et Animistes. Nous avons profité de ce court séjour pour faire un tour de vélo avec une guide dans les villages voisins.

Si le ciel est couvert, c'est qu'une tempête de sable balayait le Sénégal durant cette semaine. Comme dit notre pote William,  "c'est parce que les Mauritaniens jouent au foot ! "
Notre hébergement construit en argile de façon traditionnelle.
Une termitière géante !
L'arbre à palabre, où les habitants se rejoignent pour jaser

chanceux comme nous sommes, nous avons eu une crevaison sur les 35km qui nous séparaient d'Oussouye.
... mais nous ne sommes pas pressés.

Nous sommes retournés à Dakar, dans la même maison où nous avions séjourné quelques jours avant Saint-Louis. Nous y avons retrouvé nos amis avec qui nous passons nos journées à cuisiner et à sortir. Demain soir on prendra l'autobus pour le Mali !

mercredi 8 février 2012

Sénégal en pleine élection présidentielle

C'est le 26 janvier à 3 h du matin que nous avons atterri à Dakar, après un vol retardé de quelques heures en provenance de Casablanca. Nous sommes allés directement à l'auberge qui se situait à seulement cinq minutes de l'aéroport, et le matin en nous réveillant, nous avons regardé par la fenêtre :


Rajoutez-y l'odeur de la mer et du poisson, le bruit des oiseaux et des pêcheurs, la sensation d'une brise ensoleillée à 25 °C, et vous y retrouverez ma première impression du Sénégal.

Voilà, nous y sommes, en Afrique de l'Ouest ! Même après plusieurs mois de voyage, on est toujours aussi excités lorsque nous arrivons dans une nouvelle région. On s'étonne que les rues soient recouvertes de sable, que le pélican soit un animal domestique et on est heureux de pouvoir se faire tartiner du fromage vache qui rit dans une bonne baguette à chaque coin de rue. On s'amuse bien avec les Sénégalais qui ont le même humour que nous et qui n'hésitent pas à nous ressortir leurs jeux de mots nationaux pour nous vendre t-shirts, colliers et tongs : "ici au Sénégal, on est collants comme des mouches mais on ne pique pas comme des moustiques" ou "on est fauchés mais pas fâchés".

Et grand bonheur pour Daniel, c'est toujours la Coupe d'Afrique des Nations, le grand championnat de soccer qui se déroule cette année au Gabon et en Guinée-Équatoriale. Les Sénégalais se sont malheureusement fait éliminer... ce que Daniel ne manque pas de rappeler aux vendeurs ambulants trop insistants, ce qui  lui vaut un gentil "tu es rigolo, toi". En fait, Daniel considère que dans tout le voyage, c'est l'endroit où il s'est le mieux senti instantanément, tellement il est facile de niaiser et de communiquer avec les Sénégalais. Bien sûr, nous sommes toujours "toubabs" - ce qui signifie blanc ou étranger - et il faut toujours faire attention aux prix soudainement cinq fois plus chers, mais ça c'est pareil partout dans les pays plus pauvres. À la différence que faire du tourisme au Sénégal n'est pas si bon marché : les chambres tournent autour de 20 euros par nuit pour 2 personnes, et les repas et le transport sont plus chers qu'en Asie pour un service équivalent. Ce n'est donc pas une destination de backpackers comme l'Asie du Sud-Est, et c'est pour ça que la majorité des touristes ici sont des Français à la retraite. D'ailleurs, il n'est pas rare de voir un homme ou une femme occidentale (oui, elles sont nombreuses !) accompagnés d'un(e) jeune Sénégalais(e). Si vous voulez vous amuser, voici un article marrant qui décrit ce genre de relation typique.

Nous sommes restés six jours à Dakar : les trois premiers nous étions chez Morgane, notre hôte couchsurfing, et après nous étions dans le quartier de Ouakam, où nous avons loué une chambre chez l'habitant. Cette première semaine était assez mouvementée à Dakar, puisque c'est le vendredi 27 janvier qu'a été validée la candidature du président sortant Wade pour les élections présidentielles qui auront lieu plus tard au mois de février. Or, il est au pouvoir depuis 12 ans, et lors de son premier mandat, il a modifié la Constitution pour limiter l'exercice du pouvoir présidentiel à 2 mandats maximum.... mais si j'ai bien compris, le Conseil constitutionnel aurait considéré que ce changement constitutionnel ne s'applique qu'à partir de son deuxième mandat, comme si son premier n'était pas pris en compte dans la limite imposée par la loi... (désolée pour le blabla juridique, mais je connais quelques bridistes* qui apprécieront !)

Il y a eu quelques émeutes avec morts, blessés et vandalisme, et nous avons entendu quelques bruits de détonation, même si nous n'étions pas directement dans le quartier touché. Il semblerait que ces manifestations pacifiques (et souvent autorisées) aient été récupérées par des fauteurs de trouble, et aient donné une bonne raison aux forces de l'ordre pour intervenir et stigmatiser l'opposition. J'essaye de me renseigner par les médias locaux et internationaux, ainsi qu'en discutant des évènements autour de moi, autant avec des pro-Wade qu'avec les anti-Wade, et ce n'est pas facile de se faire une image claire de la situation. Ce qui est sûr, c'est qu'en tant que touristes, nous ne sommes pas affectés par les évènements. Au contraire, les Sénégalais sont contents de voir que nous sommes toujours là, car il y a beaucoup moins de touristes cette année, alors que c'est censé être la haute saison.

Plage à Yoff, au Nord de Dakar

L'île de Gorée, à 15 minutes en bateau, était le centre de transit de la traite négrière

Le très controversé monument de la Renaissance africaine : il a été créé par Wade (à l'effigie de sa famille selon plusieurs observateurs) dans le but de rallier tout le continent africain dans un même projet de persévérance. Construit par les Nord-Coréens, cette dépense en pleine crise économique a suscité la polémique...  

Saint-Louis, l'ex-capitale coloniale

Pour notre première visite du Sénégal, nous sommes allés à 250 km au Nord de Dakar, près de la frontière avec la Mauritanie. Le voyage en lui-même fait partie de la visite, puisque cela nous a pris sept heures pour faire le trajet en mini-bus. Bien que la route soit belle et goudronnée, à chaque fois que nous passions à côté d'un village, une horde de vendeurs ambulants nous ralentissaient pour nous fournir breuvages, fruits et arachides, en passant directement les bras par nos fenêtres en même temps pour effectuer la transaction.
Et même si au retour nous avons opté pour un taxi-brousse ou sept-places, cela nous a pris autant de temps puisque la boîte de vitesses nous a lâchés à 100 km de Dakar... le jour où justement tous les Sénégalais étaient en déplacement pour rejoindre leur famille pour la fête du Gamou (naissance du prophète Mahomet). Bref, nous avons vu des dizaines de transports surchargés défiler devant nous sans place disponible.... Finalement, après nous avoir entassés tous les sept dans un taxi à quatre places, puis dans un autre sept-places, nous sommes arrivés à temps à Dakar pour prendre notre bateau vers la Casamance.

On reconnaît le style colonial des bâtiments
Le quartier des pêcheurs, très densément peuplé

Notre taxi brousse a rendu l'âme...

et sur la route pour Dakar, pas de possibilités pour trouver d'autres places !

Je vous écris tout en buvant du vin de palme - surnommé affectueusement "lait maternel" ou bounouk par les Sénégalais - que je viens d'acheter à Oussouye, un petit village de la Casamance. Je ne sais pas trop si j'aime ça ... il pétille encore car il est toujours en fermentation. D'ailleurs je ne peux pas fermer le bouchon, car sinon la bouteille gonfle... Demain, nous reprendrons le bateau pour Dakar, pour éviter une route de Casamance qui n'est pas trop recommandée en ce moment.

*Un(e) bridiste est une créature bizarre bidisciplinaire issue du fameux baccalauréat en relations internationales et droit international (BRIDI) de l'UQAM. Cette personne manifeste souvent une excitation exagérée pour toutes les aberrations politico-juridiques de nature internationale.

jeudi 2 février 2012

Entre amis au Maroc

Après s'être bien reposés en famille, nous sommes repartis en voyage, avec pour première destination du continent africain, le Maroc. Nous étions déjà allés au Maroc en 2007, mais seulement à Rabat et à Casablanca. À l'époque c'était aussi la première fois que nous voyagions à l'extérieur de l'Europe et de l'Amérique du Nord, autant dire que notre perception du pays était alors totalement différente que celle de maintenant, après 4 mois passés en Asie.

Cette année nous avons choisi de retourner au Maroc pour se faire une petite transition avant l'Afrique de l'Ouest, et aussi pour visiter nos amis, manger de bons tajines et acheter un service de thé !
Mission accomplie, car mis à part Fez où nous n'étions que nous deux, le reste du séjour s'est déroulé avec Amina, Magali, Najoua et sa famille.

À Fez il fait froid (mais pas trop)

Ce n'est pas pour rien que c'est la basse saison au mois de janvier : il fait froid et les hôtels bons marché ne sont pas chauffés... À part ça, c'est moins achalandé et on peut négocier facilement à la baisse pour le prix des chambres ou des excursions. Mais surtout ça nous a permis de nous remettre dans le voyage. Car c'est sûr, une pause en Europe nous a fait beaucoup de bien, mais ça coupe le rythme.

Nos journées ont été consacrées à marcher et se perdre dans la médina, et à s'arrêter à intervalles régulières pour un thé à la menthe ou un jus d'orange fraîchement pressé.
On ne pouvait pas non plus s'empêcher de tout comparer à l'Inde, notre dernière destination marquante du voyage... et Fez nous est apparue si propre, si calme, mais aussi beaucoup plus cher. À qualité équivalente, les chambres et les repas sont 2 à 3 fois plus chers qu'en Asie.


vue de Fez et sa médina, une des plus grosses du monde arabe

les remparts de la médina et les grandes artères aménagées de la ville


petites terrasses de la médina

Marrakech et Ouarzazate

Nous sommes restés 5 nuits à Marrakesh dans un riad quasiment inoccupé comme beaucoup d'hôtels à cette période de l'année. Nous y avons rejoint Amina, notre amie de Rabat que j'ai connu à Montréal grâce à l'intermédiaire du Réseau droits et démocratie. Elle ne connaissait pas beaucoup Marrakech non plus, donc elle nous a accompagné dans toutes les visites, avec l'avantage qu'elle a pu négocier pour nous une théière et une sucrière que nous avons finalement oublié dans le train vers Rabat....


la place Jemaa El-Fna qui s'anime le soir grâce aux musiciens et conteurs de légendes. Tristement célèbre pour avoir été la cible d'un attentat terroriste en avril dernier...
notre riad

et pas trop loin l'Atlas et ses sommets enneigés
Nous avons pris aussi une journée d'excursion avec une agence, seul moyen si on ne possède par son propre 4X4 pour aller visiter Ourzazate, en s'arrêtant sur la route dans un village berbère. Je pense que c'est une des premières fois du voyage que nous faisons le style de visite mini-bus avec arrêts éclairs pour prendre des photos...

L'Atlas

 la route a rappelé quelques souvenirs douloureux du Népal à Daniel, bien qu'il considère que c'est beaucoup plus agréable en mini-bus qu'en autobus...


le village berbère construit en boue

Les capitales marocaines

Rabat est la capitale politique du Maroc mais est plus petite que Casablanca, la capitale économique. Un peu comme à Québec et Montréal, ses habitants se sentent toujours un peu en compétition, et pour le même genre de raisons : Rabat est plus petite, tandis que Casablanca est plus grande et polluée; à Rabat il y a les institutions gouvernementales et internationales, et à Casablanca les grandes entreprises internationales.
Mais dans les deux villes on retrouve les mêmes grands projets d'urbanisation avec la construction d'un tramway dernier cri, et de nouvelles artères dégagées pour la circulation.

Nous n'avons pas fait énormément de visites, car nous en avons surtout profité pour passer du temps avec nos amis. À Rabat c'est Magali et ses colocs qui nous ont hébergé dans leur grand salon marocain, et avec qui je suis même allée au Hamman public. Grâce aux conseils par textos de Amina, nous avons réussi à nous débrouiller dans cet univers féminin où certaines règles sont à respecter. En arrivant, on nous donne des sceaux et on entre nue dans une salle d'eau avec tout notre matériel de décrassage : un gant pour s'exfolier et du savon noir pour le gommage. On ne sait pas trop où s'installer. Certaines femmes ont des tabourets ou des petits tapis en plastique, car il n'y a que du carrelage et des robinets d'eau chaude et froide comme unique installation. Heureusement, une jeune femme remarque que nous sommes perdues, nous prête un tapis et nous explique comment procéder. Bref, on s'en est pas sorti trop mal (je crois).

des cigognes à Rabat

Avec Amina et Magali
À Casablanca nous avons été accueillis pendant 3 jours dans la famille de Najoua, rencontrée au Parlement Francophone des Jeunes en 2007. Ils nous avaient déjà hébergé la première fois, et je crois que cette fois-ci marque le début d'une longue tradition de visite avec notre famille marocaine adoptive.
Au programme : excellents plats de tajine préparés par la mère de Najoua, thé à la menthe, remplacement de la théière abandonnée et essayage de costume traditionnel.

 la Mosquée Hassan II

Habillée en Takchita avec Najoua
Bref, un beau séjour de réintroduction au voyage, qui nous a surtout donné le goût pour la chaleur qui nous attendait en Afrique de l'Ouest.

Nous sommes au Sénégal depuis une semaine, en pleine Coupe d'Afrique des Nations de soccer, et surtout nous sommes arrivés durant la semaine où le Conseil constitutionnel a validé la candidature du Président Wade aux élections présidentielles qui auront lieu fin février. Mais rassurez-vous, les manifestations ne nous ont pas affecté, et on continue notre itinéraire au Sénégal comme prévu.