mardi 6 mars 2012

Au pays de Dogon, on cause

- comment ça va ?
- bien.
- la famille ?
- bien.
- la mère ?
- bien.
- le père ?
- bien.
- les enfants ?
- bien.
- les affaires ?
- bien. et toi, comment ça va ?
- bien.
- la famille ?
- bien.
- la mère ?
- bien.
- le père ?
- bien.
- les enfants ?
- bien.
- les affaires ?
- bien.

Au pays de Dogon, lorsque notre guide Ali saluait quelqu'un, il devait respecter à la lettre ce dialogue, qui se répetait à chaque fois comme une petite chanson. Et d'après lui certains villages sont pires, où il faut s'enquérir aussi de l'état de l'élevage, de la culture de riz et de la marmite.
Autre coutume, quand on arrive dans un village du pays de Dogon, il faut aussi offrir des noix de cola (qui sont reconnues pour leur propriété magique) aux aînés en guise de remerciement pour leur accueil.

Nous avons marché seulement deux jours dans sable du Pays de Dogon, durant le mois le plus chaud (40°C), mais ce fût un de nos meilleurs moments du voyage. Je n'ai rien vu de tel dans ma vie et Daniel et moi nous sommes promis d'y retourner un jour pour parcourir les 150 km de la falaise à pied. Nous avons aussi eu le plaisir d'y retrouver Morgane, notre hôte couchsurfing à Dakar, qui est partie une semaine au Mali pendant les élections présidentielles au Sénégal.


On se rend jusqu'à la falaise de Bandiagara par taxi-brousse. Constat amusant : ce qu'on appelle un sept-places au Sénégal, s'appelle neuf-places au Mali ... (sauf que dans notre cas nous étions plutôt 10 passagers + le chauffeur + 2 bébés + les bagages) 

le taxi-brousse continuera sa route vers le Burkina Faso en nous laissant tout seul sur notre bout de falaise...

la descente de la falaise
avant l'arrivée des Dogons au 14e siècle, le peuple Télem vivait dans ces habitations incrustées dans la falaise pour se protéger des ennemis

les bâtiments sont construits avec ces briques faites d'argile et de paille


ce sont d'anciens greniers, et en haut les jarres sont utilisées comme des cercueils

notre nuit sur le toit, très venteuse !
Morgane fait la grève de la marche !

remontée de la falaise par une faille

pont qui inspire la confiance...

mais l'ascension en vaut la peine

le palais de justice du village : le plafond est délibérément bas pour inciter à résoudre les conflits pacifiquement, plutôt que de se lever debout et se battre !

Au premier plan, des boulettes d'oignons sèchent. Depuis quelques années, la sécheresse s'est aggravée dans la région en raison des changements climatiques. Les Dogons n'arrivent plus à produire suffisamment de mil pour se nourrir, et doivent compléter en cultivant de l'oignon (qui semblerait-il nécessite moins d'eau) pour le vendre en ville.
Notre guide nous a aussi raconté plein d'histoires, de légendes, et nous a posé quelques devinettes bien dogonaises. Une petite histoire qui m'a marquée est celle qui explique le comportement des animaux sur la route... "Un âne, une chèvre et un chien voyagent en taxi : l'âne paye comptant la somme exacte; la chèvre dit qu'elle va faire de la monnaie, mais ne revient jamais; le chien donne plus, mais le chauffeur s'enfuit sans lui rendre la monnaie. C'est pour ça que sur la route l'âne se plante toujours en plein milieu sans bouger car il considère être dans son droit; que la chèvre part toujours en courant et que le chien court après les voitures." Et sur la route, ça se vérifie exactement comme ça !

Une petite devinette : "Un père sait que sa mort approche, et veut prévoir la répartition de son héritage entre ses 3 fils. Il ne veut pas que son patrimoine soit séparé en petites parts et propose à ses fils un défi. Celui qui réussira à remplir sa maison d'une denrée achetée sur le marché d'une valeur de 100 Francs l'emportera. Qu'achètera le vainqueur ? "

Après-midi éclair à Djenné

Grâce à un ami malien rencontré à Mopti, nous avons pu visiter la ville historique de Djenné située à une centaine de kilomètres de Mopti. Elle fait partie du patrimoine de l'UNESCO et est un des sites les plus visités du Mali.



on doit prendre un bac pour entrer dans la ville

la fameuse mosquée en Banco

"Toubabou ! Toubabou ! photos ! photos !"

la vieille ville

Ce fût donc une dernière semaine au Mali bien remplie, et ce pays fera définitivement partie des endroits à revoir encore encore. J'ai l'impression de n'avoir eu qu'une petite introduction et pourtant j'ai appris tellement de choses et petits détails qui m'ont marqués. Par exemple, je n'ai presque pas entendu de bébés pleurer, et pourtant ils sont beaucoup ! En fait, ils sont toujours dans le dos de leur mère et dès qu'ils chouinent un peu, ils sont nourris ou pincés (s'ils pleurent pour rien).
Autre enseignement, tout est récupéré : les bouteilles d'eau et de sodas sont réutilisées; aucun aliment n'est gaspillé, et les restes nourrissent les animaux; les véhicules surbondées roulent tant qu'ils le peuvent, même si parfois on peut voir le goudron à travers la carrosserie.
J'ai aussi appris à faire la différence entre une chèvre et un mouton  !

Mais nous n'avons pas fini d'en apprendre, car nous il nous reste encore deux semaines au Burkina Faso. Nous sommes à Banfora, où cela fait du bien de voir de la verdure après la sécheresse du Sahel. La saison des mangues arrive !  

dimanche 4 mars 2012

Mali Kadi (Mali agréable\magnifique)

*Mali Kadi - la chanson qui accompagne Daniel partout où il va .... faites la jouer avant la lecture du blog ! *



Même si nous nous étions bien renseignés sur la sécurité avant d'aller au Mali, c'est un peu sur nos gardes que nous sommes rentrés au pays. Le Mali est peut-être un des pays les plus visités de l'Afrique de l'Ouest en raison de son important patrimoine culturel, mais depuis deux ans, le secteur du tourisme connaît de graves difficultés suite aux troubles causés dans le Sahel par les terroristes, et depuis quelques mois par des Touaregs qui veulent l'indépendance du Nord du pays. En novembre dernier, des touristes occidentaux ont même été enlevés par les terroristes dans la ville de Tombouctou. Et pour compliquer le tout, des éléments de l'armée déchue de Kadafi sont venus rajouter leur grain de sel au Nord du Mali après s'être fait jeter de la Lybie.

Or, suite au développement fulgurant du tourisme durant la dernière décennie, des régions entières dépendent uniquement de cette source de revenue. Comme si cela ne suffisait pas, la récolte de riz a été désastreuse l'année dernière et la pêche est mauvaise, d'où l'augmentation du prix des denrées alimentaires.

Mais quand nous sommes arrivés à Bamako après 30h d'autobus en provenance de Dakar - sans air climatisé et sans pouvoir ouvrir les fenêtres - la première chose que nous avons remarqué c'est qu'il fait chaud, beaucoup chaud que sur la côte Atlantique. Autre constat, les gens parlent moins français qu'au Sénégal, ce qui s'explique par le fait que les Maliens ont beaucoup moins accès à l'éducation et très peu sont alphabétisés. La capitale nous est apparue peu développée : très peu de goudron et d'électricité, et une poussière rouge recouvre tous les bâtiments et ses rues chaotiques.

Nous avons passé 6 jours à Bamako, d'abord dans une auberge puis chez des couchsurfeurs européens. Il n'y a pas grand chose à voir ou faire dans la capitale, mais nous avons quand même passé un agréable séjour en compagnie de nos hôtes et d'Américains de Peace Corp (c'est un programme gouvernemental qui envoie des volontaires pendant 2 ans dans des pays en développement).


une rue du marché central

une cabine téléphonique à gauche, et à un photomaton à droite

le quartier de l'hippodrome : le centre-ville

Ségou trop tranquille

Rassurez-vous, après Bamako nous n'avons pas cherché le trouble, et nous sommes seulement allés dans les villes qui n'étaient pas déconseillées par les autorités, c'est-à-dire, pas plus au nord que la ville de Mopti. Comme premier arrêt, nous avons visité Ségou, qui venait juste d'accueillir le Festival du Niger qui a attiré beaucoup de touristes sur 5 jours. Mais quand nous sommes arrivés, la ville était calme, beaucoup trop calme, et on s'est vite fait repérer comme les seuls touristes du coin, de sorte que nous ne pouvions pas marcher 10 mètres sans se faire aborder par des guides, des piroguiers ou des vendeurs de souvenirs. Même si cette attitude est compréhensible, je n'ai pas beaucoup aimé l'ambiance de cette ville qui s'est entièrement concentrée sur le tourisme.



la seule activité est de traîner au bord du fleuve du Niger
Mopti active

Nous avons bien fait de bouger rapidement à Mopti où se croise la rivière Bani et le fleuve du Niger et où nous avons passé nos meilleurs moments depuis le début du voyage en Afrique de l'Ouest. C'est un important port, d'où arrivait le sel en provenance du Nord et est aujourd'hui encore le point de départ pour aller à Tombonctou en pirogue.

la rivière Bani

des travailleurs puisent du sable dans le fleuve du Niger

c'est la saison sèche, d'où le niveau bas du fleuve
les pinasses et pirogues du port de Mopti

le niveau de l'eau est tellement bas qu'on peut se déplacer avec une perche

nous avons fait une petite excursion en pinasse pour aller visiter un village Bozo sur un îlot situé entre la rivière Bani et le fleuve du Niger

campement nomade qui déménagera lors de la saison des pluies

la grande Mosquée de Mopti construite en banco (mélange d'argile, de boue et de paille)


la vieille ville de Mopti, aussi construite en Banco

Nous sommes arrivés hier soir au Burkina Faso, et nous sommes dans le ville de Bobodioulasso. Fidèle à ses habitudes, Daniel est allé regarder un match de Liverpool dans un bar local. La suite de nos aventures au Mali arrive sous peu...