samedi 5 novembre 2011

Phnom Penh : repartir en voyage

J’avais l’intention de commencer ce nouveau message avec des phrases chocs et dramatiques pour tenter de refléter comment je me suis sentie à Phnom Penh. J’essaye de trouver un ordre logique ou une manière d’organiser l’information pour la présenter, mais j’ai l’impression de m’obliger à rédiger un devoir. Je voulais aussi faire un bon résumé historique, mais un réflexe scientifique m’oblige à chaque fois à vérifier l’information sur des sources différentes... 

Petite rechute d’étudiante, plusieurs années d’études universitaires, ça laisse des traces (heureusement qu’il m’en reste, seulement 5 mois après avoir été diplômée !)

Alors le plus simple, c’est de me lancer. Parce qu’à Phnom Penh, j’ai surtout appris que je ne savais pas grand-chose de l’étendue des horreurs du régime de Pol Pot à la fin des années 70. Nos deux premières journées dans la capitale ont donc été consacrées à nous plonger dans l’histoire du Cambodge par la visite de la prison S21 et des Killing Fields.

De 1975 à 1979, les Khmers rouges ont instauré leur version du communisme : évacuation des villes, travail forcé agricole pour tous, bris des liens familiaux, destruction des lieux religieux, et surtout le massacre de plus de 1,7 million de leurs propres concitoyens.

Lorsque les Vietnamiens ont libéré la prison en 1979, ils ont découvert l’évidence des tortures et des meurtres commis par les Khmers rouges.

La prison S21 est une ancienne école. Au premier plan, les installations de sport utilisées comme potences...

Une salle de classe réaménagée en cellules 

Les Khmers rouges ont méticuleusement identifié chaque victime


Le règlement
Pendant le régime khmer, de nombreux camps de la mort ont été organisés un peu partout dans le pays. Celui situé à une quinzaine de kilomètres de Phnom Penh est un des plus importants, et est aujourd’hui consacré à la mémoire des victimes. Le site est entièrement silencieux, et on le visite avec un audioguide qui n’épargne aucun détail sur les atrocités commises dans ces champs.

Le monument à la mémoire des victimes, contenant leurs restes.

Les fosses communes : les opposants politiques et leurs familles, tous ceux qui étaient identifiés comme intellectuels ou parlaient une langue étrangère ont été éliminés s'ils ne rentraient pas dans le rang. 

Même après avoir vidé les fosses, la terre relâche régulièrement des dents, des vêtements...
Aujourd’hui, le Cambodge traduit en justice les dirigeants Khmers rouges qui ont orchestré ce vaste génocide par le biais d’un tribunal pénal international mixte, c’est-à-dire composé de juges cambodgiens et internationaux fournis par l’ONU. Les juristes jouent avec les mots - génocide ou crime contre l’humanité - puisque la définition fournie par la Convention internationale contre le génocide de 1948 n’inclut pas les groupes politiques comme victimes désignées.

***

Mis à part ça, la ville est grouillante, poussiéreuse, mais très vivante. Sur le bord de la rivière et dans les parcs, on joue au badminton, au ballon, on suit des cours d’aérobie, on peut même assister le soir à des représentations de théâtre muet synchronisé avec la trame sonore d’un film. On passe son temps à se faire interpeller par les tuk-tuks, à zigzaguer entre les motos pour traverser les rues sans feux de circulation, et à éviter les ordures.

J’essaye de ne pas dresser un portrait trop caricatural, mais il est vrai que le pays est un des plus pauvres de la planète. On paye tout en dollars américains, et la monnaie locale n'est utilisée que pour les petites transactions de moins de 5 dollars...
Après cinq jours dans la capitale, même si j’apprécie la ville pour sa taille humaine, on ne s’habitue jamais à la mendicité, aux victimes des mines qui vendent leurs cartes postales pour survivre. Sinon, c’est qu’on est juste blasé.

Ne vous inquiétez pas, on s’est quand même amusés, notamment grâce à nos deux soupers avec Seylène et ses amies.


Et il y a aussi de belles choses à voir comme le palais royal

Nous sommes en ce moment à Siem Reap, d'où on pourra visiter dès demain les temples d'Angkor.

1 commentaire:

  1. En tant qu'historienne je suis contente que tu parles de cette partie de l'histoire. Pour l'avoir étudiée, je comprends en partie ce que tu as pu ressentir en visitant les vestiges de cette période... Je trouve intéressant que tu précise que ces crimes ne sont pas restés lettre morte et que des jugements sont en cours, même si je ne comprends pas trop les implications que peuvent avoir les différence de termes entre génocide et crime contre l'humanité. Quelles conséquences à ces différences ?

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