samedi 26 novembre 2011

Chitwan : balade à dos d'éléphant et mariage népalais

À Chitwan, les montagnes sont derrière nous, il fait plus chaud, et on peut visiter le Parc national, une jungle abritant éléphants, rhinocéros, chevreuils, crocodiles et autres oiseaux exotiques. Nous avons passé cinq jours à Saura où il y a autant d'éléphants et de chevaux qui circulent que de jeeps et de motos. Ce village est totalement dédié au tourisme et tous les hôtels proposent la même formule tout-inclus, si bien qu'à des heures régulières de la journée on peut voir les groupes de touristes se faire transporter en jeep d'une activité à l'autre... Nous avons préféré réserver nos activités individuellement, mais nous étions quand même dans le flot de touristes, si bien que lors de la fameuse "marche guidée dans la jungle pour observer les animaux sauvages" nous avons rencontré une trentaine de touristes et seulement des chevreuils et des poules sauvages... Pareil pour la balade en éléphant : il y a un départ à 1 h 30 et à un 3 h, et nous étions une cinquantaine de touristes répartis par groupe de quatre sur une douzaine d'éléphants se suivant dans la jungle.
Pas étonnant que les rhinos ne se baladent plus dans le coin...


Petite douche glacée !

Acrobatie matinale

Les éléphants arrivent au point d'embarcation pour récupérer la horde touristes

On a quand même vu des crocodiles sauvages !

Le moment le plus mémorable de notre voyage est sans aucun doute le mariage de notre ami couchsurfing (Max) à Bharatpur (situé à 20 km de Saura). C'était un mariage traditionnel népalais hindou, et même si on n'a pas tout compris (le marié lui-même nous a avoué qu'il se faisait entièrement guider aussi !), c'était vraiment très intéressant. Je vous ai concocté un petit reportage photo pour l'occasion.

À 9h du matin, nous rejoignons la maison familiale de Max, ainsi que tous les invités du côté du marié. Il reçoit sa première bénédiction de la journée, devant sa maison.

Avant de partir en autobus à la maison de la mariée, petite photo avec Max et sa mère. Juste avant, j'ai été emmenée par cinq femmes qui se sont occupées de m'habiller avec le sari pour l'occasion.

Dernière bénédiction par sa mère, qui attendra à la maison, pendant que la cérémonie aura lieu dans la maison de la mariée.
La cérémonie de mariage commence devant la maison de la mariée.

Pendant ce temps, les invités sont conduits directement au buffet offert par la famille de la mariée.
Pendant deux heures environ, les mariés participeront à des rituels consistant à jeter des choses dans le feu, tourner autour, réciter des trucs... bref, je n'ai rien compris à cette partie-là.
Les invités reçoivent chacun une enveloppe et la bénédiction du marié. Dans chaque enveloppe il y a 150 roupies ! donc on s'est fait un peu d'argent de poche pendant ce mariage ;)  
Les deux belles-mères se rencontrent enfin et se barbouillent le visage de rouge.

Chaque invité vient féliciter les mariés en leur offrant une enveloppe.

 Finalement, la mariée fait ses adieux à sa famille, et part directement avec valises et cadeaux dans la famille de son époux. Son père la porte jusqu'à la voiture, où elle pleure pendant une bonne vingtaine de minutes. Arrivés à la maison de Max, toutes les femmes chantent et dansent pour accueillir le nouveau couple.

À propos des mariés, ils se sont rencontrés seulement deux semaines avant leur mariage, mais les parents se connaissent depuis très longtemps. Je n'ai pas demandé à la mariée, mais Max m'a dit qu'ils se sont bien parlé avant le mariage pour s'entendre sur comment ils concevaient leur future vie commune. En fait, Max nous a dit qu'ils auront amplement le temps de se connaître, car le couple ne s'engage pas seulement pour une vie, mais pour sept vies réincarnées !

Au Népal, les mariages arrangés sont très fréquents, et seulement une génération avant nous, des enfants de 7 et 12 ans étaient mariés même s'il ne concevaient de famille que quelques années plus tard. Maintenant, il semblerait que le mariage des enfants soit interdit, bien qu'il soit notoire que la loi n'est pas mise en application dans les régions éloignées du Népal...

Toujours à Varanasi, nous apprenons tranquillement à nous repérer dans la vieille ville et ses rues étroites pour retrouver notre chemin vers l'hôtel. Mais c'est un plaisir de s'y perdre !

vendredi 25 novembre 2011

Dévoilement de la suite de l'itinéraire

Nous n'achetons nos billets qu'au fur et à mesure, et aujourd'hui nous avons réservé nos vols pour les 3 prochains mois, ce qui donne :
  • 23 décembre : Mumbai - Paris
  • 27 décembre - 5 janvier : Serbie pour Daniel
  • 8 janvier (aussi mon anniversaire !) : Paris - Fez (Maroc)
  • 25 janvier : Casablanca - Dakar
  • Pendant deux mois : Sénégal, Mali et Burkina Faso
  • 22 mars : Ouagadougou (Burkina Faso) - Paris
  • 23 mars : Paris - Montréal
Nous ne savons pas encore très bien ce que nous ferons après Montréal, mais nous voyagerons sûrement pendant deux à trois mois en Amérique centrale. Initialement, nous avions prévu d'aller plutôt dans le Sud (Argentine, Bolivie, Pérou, Équateur, Colombie), un itinéraire beaucoup trop ambitieux pour trois mois. En fait, ces dernières semaines de voyage en Asie nous ont appris beaucoup de choses sur nous-mêmes, et nous préférons parcourir de plus petites distances et voyager avec de plus petits sacs (nous laisserons notre gros sac à Paris). Nous savons aussi qu'il faut s'accorder parfois des périodes de repos, car sinon on ne pense qu'à la logistique de voyage (comment se déplacer, où manger et dormir, etc.), plutôt que de se rendre compte qu'on visite des lieux à faire rêver.
Bref, pour toutes ces petites raisons, on va ralentir le rythme de voyage, au lieu d'essayer d'en faire le maximum en se disant "tant qu'à être là"...

Si vous avez des conseils ou des contacts pour nos prochaines destinations, n'hésitez pas à nous en faire part !

Nous sommes bien arrivés à Varanasi en Inde, après un voyage de 26 heures à cheval, trois autobus, un mini-bus et un train de nuit. Après, nous irons à Agra, Delhi, et au Rajasthan pendant 2 semaines, et à Mumbai. Daniel nous a réservé une chambre qui donne directement sur le Gange d'où nous pouvons observer la vie si particulière autour de ce fleuve sacré : les baignades purificatrices, les cérémonies de crémation des morts, les cerfs-volants, les bateaux...

lundi 21 novembre 2011

Téléportation à Katmandou

Déjà au Népal. Quand nous sommes arrivés au Japon en août dernier, le Népal, c’était encore loin, un autre voyage. Nous avons débarqué à Katmandou sans trop réaliser ce qui nous arrivait, surpris d’atterrir dans l’Himalaya, après deux mois en Asie du Sud-Est où nous avions commencé à nous habituer.

Katmandou a été sûrement la ville qui nous a le plus dépaysés avec ses rues étroites, ses petites portes, ses immeubles pas plus hauts que 3-4 étages, ses nuits fraîches, ses klaxons, ses vaches nomades et ses nombreux temples hindous et bouddhistes. Katmandou est située dans une vallée, ce qui a pour conséquence que c’est une des villes les plus polluées du monde, et on l’a tout de suite senti en arrivant. En fait, tant qu’on est dans la ville on oublie qu’on est dans les montagnes, et c’est seulement quand on visite un temple en hauteur qu’on réalise qu’on est entouré par la plus grande chaîne de montagnes du monde.

Nous étions censés passer les premières nuits chez un couchsurfer, mais comme nous n’avons pas réussi à le rejoindre en sortant de l’aéroport, nous avons pris une chambre à Thamel, le quartier touristique de Katmandou. À vrai dire, nous avions besoin de nous constituer une petite bulle, car dehors cela semblait grouiller de partout et parfois il faut savoir s’accorder un peu d’espace personnel pour mieux apprécier l’extérieur. Mais nous sommes quand même allés souper avec cet ami couchsurfing et un de ses amis, ce qui nous a donné l’occasion les bombarder de questions sur le Népal. Son ami est guide professionnel, et est allé une bonne vingtaine de fois au camp à la base de l’Everest. La montée prend 8 jours, et même si ce n’est même pas l’expédition vers le sommet, de nombreuses personnes meurent à chaque année du mal aigu des montagnes. Et il nous a confirmé, que rien, ni l’âge, ni la forme physique ou l’expérience ne peuvent protéger de cette maladie. Après nous avons parlé des routes au Népal, et ce n’est pas plus rassurant, surtout pour Daniel qui n’est pas un fan des hauteurs (ceci est bien sûr un euphémisme)…

Mis à part ces quelques mises en garde, nous avons vraiment adoré la ville, même si elle n’est pas du tout reposante.

La vue sur la vallée de Katmandou, avec pour arrière-plan les neiges éternelles de l’Himalaya

Le temple aux singes – bouddhiste

Moment de prière au temple
 Il faut tourner autour du temple dans le sens des aiguilles d’une montre en faisant rouler ces cylindres qui semblent apporter la bonne chance

Complexe de temples à Patan

Bouddhanath – un autre temple bouddhiste
Et pourtant ce n’est pas une rue piétonnière…

Ils poseront volontiers pour vous pour 50 roupies


Les mois de novembre et décembre constituent la haute saison, puisque le ciel est dégagé et qu’il ne fait pas trop chaud pour faire du trekking. En ville, il faisait 10-15 °C la nuit et le matin, et dans la journée cela remontait à 20 °C. Nous avons aussi été surpris de constater que près de la moitié des touristes sont des retraités (mais bien actifs), alors qu’en Asie du Sud-Est la majorité des touristes étaient assez jeunes.

Pokhara dans le brouillard

Nous n’avions pas initialement prévu faire du trek au Népal, car nous n’avions que deux semaines, pas vraiment de vêtements chauds, et pas suffisamment de motivation. Eh oui, il est possible d’aller au Népal, même sans l’intention de faire un trek. Nous sommes quand même allés à Pokhara, la ville relais pour les treks dans l’Annapurna. Daniel s’était préparé mentalement à l’idée qu’il allait prendre l’autobus sur les routes montagneuses, sans rebord, où les chauffeurs de bus et de camions trouvent quand même l’envie de se dépasser les uns les autres. Mais rien ne pouvait nous préparer à la première descente à la sortie de la vallée de Katmandou. Pour vous donner une idée, les routes sont tellement sinueuses que nous avons parcouru 200km en 7h ! Et c’est pourtant seulement depuis quelques années qu’elles sont asphaltées. Daniel a ainsi déclaré que plus jamais de sa vie il ne reprendrait cette route.

Arrivés sains et saufs à Pokhara, nous avons passé quatre jours à nous reposer, même si chaque matin nous étions fâchés de constater que le brouillard ne partait pas, et nous empêchait d’admirer les montagnes pour lesquelles nous étions venus nous émouvoir, où je m’imaginais verser chaque matin une larme en m’agenouillant devant la « grandiosité » de la nature et en remerciant les oiseaux de gazouiller (ou pas)...
Heureusement, nous n’avions pas organisé de trek (même un petit de trois jours), car même les Népalais nous ont dit qu’avec ce temps nous aurions marché pour rien tellement il n’y avait pas de visibilité. Bref, une bonne excuse pour faire de nombreuses grasses matinées.

Nous avons quand même fait une balade en vélo, une mini ascension à la Peace Pagoda (Pagode de la paix), et du rafting.

Le lac de pokhara

On dirait les Laurentides…

Peace Pagoda (Pagode de la paix)



Pour quitter Pokhara et nous rendre à Chitwan, nous avons descendu la rivière Trisuli en rafting pendant 2 h avec des cascades de force 2+ et 3. Autant dire que pour Daniel, c’était de la rigolade, puisqu’il a fait du rafting au moins six fois au Québec avec des courants de force 4-5. Mais comme c’était ma première fois, c’était une bonne introduction et j’ai vraiment envie d’en faire plus. Fait intéressant, sur 16 personnes je suis la seule à être tombée dans l’eau, et en plus quand il n’y avait pas de courant… Pourquoi ? Tout simplement parce que Daniel m’a poussée, alors que je caressais l’eau pour en apprécier sa fraîcheur. Mais ma vengeance sera terrible... (Au fait, Daniel ne lit pas le blog, donc si vous avez des suggestions de mauvais tours, n’hésitez pas à me les faire parvenir).  

Mais je pense que la route l’a assez puni comme ça, car pour aller à Chitwan nous avons pris un bus local, dont les habitudes de conduite sont bien plus aventurières que celles des bus soi-disant touristiques…


C’est joli comme ça, mais sur le bord c’est moins drôle.


Il faut parfois s’arrêter pour permettre aux camions de se frôler sur une route prévue pour une voie…

Nous sommes au Parc national de Chitwan où le soleil est enfin sorti. Dans seulement quatre jours nous traverserons la frontière avec l’Inde.  

jeudi 10 novembre 2011

Retrouvailles à Sihanoukville et rallye-temple à Siem Reap

Comme nous ne pouvions pas aller directement à Siem Reap à partir du village du Chi Pat, nous avons fait un arrêt sur la côte à Sihanoukville, principale station balnéaire du Cambodge. Les dernières nouvelles de Jésabel et Bjorn nous indiquaient qu’ils étaient à Sihanoukville, mais cela remontait à une dizaine jours, donc nous pensions qu’ils seraient déjà partis vers une autre ville. Mais une bonne surprise nous attendait, car ils ont en fait passé deux semaines, en tout, autour de Sihanoukville, et le jour où nous sommes arrivés, ils revenaient tout juste d’une île.

Sihanoukville n’a en tant que tel pas trop d’intérêt, seulement des plages bordées de restaurants et d’hôtels, mais en bonne compagnie nous avons passé trois belles journées à se balader en scooter, à manger et à se baigner.
Normalement, novembre annonce le début de la haute saison, mais plusieurs employés nous ont dit qu’en raison des inondations en Thaïlande, la fréquentation touristique a baissé, car les voyageurs arrivent souvent par Bangkok qui est l’aéroport principal de l’Asie du Sud-Est.


Notre copilote Jésabel

Un hôtel en construction où les travailleurs vivent directement sur le site dans des habitations précaires...

Siem Reap

Les temples d’Angkor sont bien sûr des incontournables au Cambodge. Ils sont situés à proximité de la ville de Siem Reap, qui est devenue la destination la plus touristique du Cambodge. Les temples sont répartis sur plusieurs kilomètres, et le plus économique pour en voir le maximum est d’engager un chauffeur de tuk-tuk pour une journée (20 $ US) en plus de payer les droits d’entrée de 20 $ US par personne. Cela devient un vrai marathon puisque nous avons fait 8 heures de visite, en commençant à 4 h 45 du matin pour aller admirer le lever du soleil tel que suggéré par notre guesthouse

Imaginez un peu le tableau : à 5 h du matin, une centaine de touristes armés d’appareils photos, des vendeurs ambulants qui nous sautent dessus, et moi qui n’ai toujours pas pris mon café… en plus, il y avait des nuages… Bref, si c’était à refaire, je pense qu’on aurait dû rester au lit plus longtemps, pour être plus en forme pour le reste des visites car, le dernier temple, on l’a traversé en vitesse.  En plus, je ne me souviens presque pas des noms des temples. Je les ai donc renommés affectueusement pour vous.

Angkor Wat

Le petit temple tout mignon excentré (10e siècle)

Cambodge rural, cette zone a été touchée par les inondations quelques semaines avant
Le temple poilu


Le temple qui tient comme il peut

Le temple dans la jungle style Tomb Raider

Le temple style pyramide aztèque

Le temple aux grosses faces
Comme nous avions un vol prévu à partir de Bangkok pour le Népal, nous devions obligatoirement repasser en Thaïlande, malgré les inondations. Pour être certains de ne pas manquer notre vol, nous sommes partis la veille, en réservant le bus le plus tôt, et en payant un ticket plus cher pour se garantir un transport fiable, car je craignais qu’à l’arrivée nous ayons des difficultés à rentrer à Bangkok à cause des inondations.
Mais la compagnie d’autobus avait vendu plus de billets de que de places assises pour un  minibus ayant capacité d’environ 12 personnes, sans compter les valises de chacun ! Il était alors évident que nous n’arriverions pas tous à rentrer. Une Anglaise a alors simplement demandé au chauffeur s'il avait prévu un deuxième minibus ou une quelconque solution … Elle a insisté pour avoir une réponse, et à la place elle s’est fait pousser par un des employés de la compagnie, son mari a alors réagi, Daniel a essayé de les séparer et ça a dégénéré en bousculade générale… aucun coup n’a été porté, mais c’était juste un bon moment d’agressivité. Finalement, ils nous ont transportés en taxi (nous étions quatre personnes à ne pas pouvoir rentrer dans le minibus) jusqu’à la frontière et nous sommes arrivés avant le minibus.

Il est commun en Asie de prendre des bus bondés, ça nous est arrivé, et ça nous arrivera encore sûrement plusieurs fois. Le problème était que nous avions fait exprès de prendre une compagnie privée plus chère pour être sûrs de notre coup et ne pas manquer notre vol. Il y avait même un touriste qui avait payé 2 places pour avoir plus d’espace, mais les employés s’en sont complètement foutus. Je ne sais pas s'ils avaient prévu dès le départ de fournir un autre taxi ou si c’est parce que nous avons gueulé… dans tous les cas, la situation ne ressemble en rien à la gentillesse des Cambodgiens que nous avons rencontrés en deux semaines.

Nous sommes arrivés à Katmandou, au Népal. Il fait beaucoup plus frais, surtout le matin et le soir. On prend des douches chaudes et on se chauffe sous les couvertures le plus rapidement possible. On dirait que quelqu'un a dessiné des montagnes en arrière-plan, tellement la vision de l'Himalaya semble irréelle... Nous resterons deux semaines, et ensuite nous traverserons la frontière terrestre avec l’Inde, notre dernière destination asiatique.
 

samedi 5 novembre 2011

Le centre écotouristique de Chi Phat

Avant de partir en voyage, j’étais dans l’optique d’essayer de vérifier s’il était possible de toujours faire des choix de manière responsable tout en faisant du tourisme. Il faut se poser une multitude de questions : à qui va l’argent ? Qui sont les propriétaires de l’établissement (hôtel ou restaurant), des habitants du lieu ou des étrangers ? Est-ce que ma présence en tant que touriste à un impact sur l’environnement ou sur les populations locales ?

Bref, cela donne le tournis, et malgré les meilleures intentions du monde, les décisions sont souvent prises en fonction des prix… Par exemple, il est parfois plus économique de voyager par avion dans certains pays, plutôt que de prendre les transports locaux pour se rendre d’une ville à l’autre. On est conscient que le niveau de vie est bas, mais on négocie toujours à la baisse chaque prix avec les vendeurs ou avec les chauffeurs de tuk-tuk. On cherche à manger local le plus souvent possible dans les petits kiosques dans la rue, mais parfois on doit répondre à l’appel d’un bon hamburger frites sur une terrasse touristique. On veut sortir des sentiers battus, tenter d’aller là où les autres touristes ne vont pas, mais si on atteint ces zones encore peu fréquentées, est-ce qu’on ne contribue pas à les rendre populaires ?

C’est dans cet état d’esprit que nous avons décidé d’aller à Chi Phat, un village au cœur des montagnes Cardamom, uniquement accessible par bateau ou par moto. Cette communauté s’est lancée dans l’écotourisme avec le soutien d’une ONG étrangère – Wildlife Alliance – qui leur a permis de développer une association communautaire orientée vers la protection de leurs espaces naturels tout en offrant aux touristes une expérience différente.

L’organisation est maintenant autogérée par la communauté, et subvient à ses besoins grâce aux revenus générés par les visiteurs. Ils offrent plusieurs options de logement : un séjour en famille, en guesthouse, ou dans un bungalow. On peut réserver leurs itinéraires tout compris ou simplement louer une bicyclette pour visiter par soi-même le village. Mais il n’y a pas de sentiers balisés à l’extérieur du village, alors nous avons décidé de prendre un tour organisé en vélo de montagne dans la jungle.
L’organisme est très transparent, et présente le détail des coûts du prix total de l’itinéraire : on s’aperçoit rapidement que payer le juste prix n’est pas le choix le plus économe, puisque deux journées et une nuit en vélo de montagnes, avec guide, matériel et repas inclus reviennent à 124 $ US pour deux personnes. Mais tout est justifié, du prix des repas, à la location du matériel et au salaire des guides. Une partie des revenus est automatiquement reversée à la communauté pour l’éducation, la santé, les infrastructures communes et la protection de la faune et la flore.

Finalement, nous n’avons fait qu’une journée, car nous avons achevé plus rapidement que prévu le trajet de 33 km prévu initialement sur deux jours. C’était une journée bien intense, puisque c’était la première fois que nous faisions du vélo de montagne, et en plus… dans la jungle ! Pour faire honneur à ma réputation, je suis bien tombée quelques fois comme prévu (avec casque !). Daniel n’est pas tombé, mais s’est fait sucer le sang par une dizaine de sangsues.

Pour atteindre notre premier bungalow sur une île, il faut se tirer soi-même sur une barque
Petite baignade dans la rivière


Pause déjeuner avec les guides

Le sentier facile, plus tard ça sera roches et racines

La récompense

Village sur pilotis
Les paysages étaient magnifiques, et on a aussi pu découvrir le Cambodge rural, où de nombreuses familles semblent isolées de tout, sans électricité, sans eau courante, et parfois sans murs.

Nous avons vraiment aimé ce petit séjour, mais Daniel précise qu’une journée de vélo de montagne, c’était en masse !

Si vous voulez en savoir plus sur le centre : http://ecoadventurecambodia.com/

Je vous écrit toujours de Siem Reap, où je me fais manger par les moustiques. Aujourd'hui j'ai aussi jeté mon vieux T-shirt bleu, celui qu'on voit sur toutes les photos... Daniel dit aussi qu'il puait.

Phnom Penh : repartir en voyage

J’avais l’intention de commencer ce nouveau message avec des phrases chocs et dramatiques pour tenter de refléter comment je me suis sentie à Phnom Penh. J’essaye de trouver un ordre logique ou une manière d’organiser l’information pour la présenter, mais j’ai l’impression de m’obliger à rédiger un devoir. Je voulais aussi faire un bon résumé historique, mais un réflexe scientifique m’oblige à chaque fois à vérifier l’information sur des sources différentes... 

Petite rechute d’étudiante, plusieurs années d’études universitaires, ça laisse des traces (heureusement qu’il m’en reste, seulement 5 mois après avoir été diplômée !)

Alors le plus simple, c’est de me lancer. Parce qu’à Phnom Penh, j’ai surtout appris que je ne savais pas grand-chose de l’étendue des horreurs du régime de Pol Pot à la fin des années 70. Nos deux premières journées dans la capitale ont donc été consacrées à nous plonger dans l’histoire du Cambodge par la visite de la prison S21 et des Killing Fields.

De 1975 à 1979, les Khmers rouges ont instauré leur version du communisme : évacuation des villes, travail forcé agricole pour tous, bris des liens familiaux, destruction des lieux religieux, et surtout le massacre de plus de 1,7 million de leurs propres concitoyens.

Lorsque les Vietnamiens ont libéré la prison en 1979, ils ont découvert l’évidence des tortures et des meurtres commis par les Khmers rouges.

La prison S21 est une ancienne école. Au premier plan, les installations de sport utilisées comme potences...

Une salle de classe réaménagée en cellules 

Les Khmers rouges ont méticuleusement identifié chaque victime


Le règlement
Pendant le régime khmer, de nombreux camps de la mort ont été organisés un peu partout dans le pays. Celui situé à une quinzaine de kilomètres de Phnom Penh est un des plus importants, et est aujourd’hui consacré à la mémoire des victimes. Le site est entièrement silencieux, et on le visite avec un audioguide qui n’épargne aucun détail sur les atrocités commises dans ces champs.

Le monument à la mémoire des victimes, contenant leurs restes.

Les fosses communes : les opposants politiques et leurs familles, tous ceux qui étaient identifiés comme intellectuels ou parlaient une langue étrangère ont été éliminés s'ils ne rentraient pas dans le rang. 

Même après avoir vidé les fosses, la terre relâche régulièrement des dents, des vêtements...
Aujourd’hui, le Cambodge traduit en justice les dirigeants Khmers rouges qui ont orchestré ce vaste génocide par le biais d’un tribunal pénal international mixte, c’est-à-dire composé de juges cambodgiens et internationaux fournis par l’ONU. Les juristes jouent avec les mots - génocide ou crime contre l’humanité - puisque la définition fournie par la Convention internationale contre le génocide de 1948 n’inclut pas les groupes politiques comme victimes désignées.

***

Mis à part ça, la ville est grouillante, poussiéreuse, mais très vivante. Sur le bord de la rivière et dans les parcs, on joue au badminton, au ballon, on suit des cours d’aérobie, on peut même assister le soir à des représentations de théâtre muet synchronisé avec la trame sonore d’un film. On passe son temps à se faire interpeller par les tuk-tuks, à zigzaguer entre les motos pour traverser les rues sans feux de circulation, et à éviter les ordures.

J’essaye de ne pas dresser un portrait trop caricatural, mais il est vrai que le pays est un des plus pauvres de la planète. On paye tout en dollars américains, et la monnaie locale n'est utilisée que pour les petites transactions de moins de 5 dollars...
Après cinq jours dans la capitale, même si j’apprécie la ville pour sa taille humaine, on ne s’habitue jamais à la mendicité, aux victimes des mines qui vendent leurs cartes postales pour survivre. Sinon, c’est qu’on est juste blasé.

Ne vous inquiétez pas, on s’est quand même amusés, notamment grâce à nos deux soupers avec Seylène et ses amies.


Et il y a aussi de belles choses à voir comme le palais royal

Nous sommes en ce moment à Siem Reap, d'où on pourra visiter dès demain les temples d'Angkor.